KABILA TEND ENCORE UN PIÈGE DE PLUS A L'OPPOSITION
KABILA TEND ENCORE UN PIÈGE DE PLUS A L'OPPOSITION
Le président congolais Joseph Kabila lancera samedi des consultations tous azimuts en vue d'un dialogue politique aux contours encore flous et rejeté par une partie de l'opposition qui y voit un stratagème pour permettre au chef de l'Etat de rester au pouvoir illégalement.
"C'est demain (samedi) que les consultations vont commencer, c'est ce que ce nous avons appris", a expliqué à l'AFP une source à la présidence. "Le chef de l'Etat commence vendredi des consultations avec toutes les forces vives de la nation", avait auparavant annoncé à l'AFP un haut responsable congolais dans la nuit de jeudi à vendredi. "Il va écouter tout le monde", en particulier "les réflexions sur le calendrier électoral global", a ajouté ce responsable, sous couvert d'anonymat.
Publié en février par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), cet échéancier prévoit une série d'élections (locales, provinciales, sénatoriales...) devant commencer en octobre et mener jusqu'à la présidentielle et aux législatives en novembre 2016. Selon le haut responsable congolais, les interlocuteurs du chef de l'Etat "vont faire des réflexions sur le dialogue" politique et dire "quel pourrait en être le format" et "quand il pourra avoir lieu".
"Être à l'écoute des points de vue"
"Depuis plus d'un an, le principal parti d'opposition (Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS) a multiplié les prises de position exigeant un dialogue (...) Le président a répondu à une initiative de l'UDPS", a expliqué Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, lors d'une émission politique sur la Radio-télévision nationale congolaise.
Il a ajouté qu'il fallait "absolument être à l'écoute des points de vue" de l'UDPS: ce parti a rejeté le résultat des élections présidentielle et législatives de novembre 2011, remportées par le président Kabila et son camp après des scrutins entâchés d'irrégularités massives. Depuis, le pays traverse une grave crise politique. "Il faut parler (...) parce que le pays a besoin de cette façon de gérer les problèmes (...). Ce n'est pas en se taisant qu'on peut résoudre les problèmes", a souligné M. Mende.
Agé de 43 ans, M. Kabila est à la tête de la République démocratique du Congo depuis 2001. La Constitution lui interdit de se représenter à la fin de son mandat s'achevant fin 2016 et, jusqu'à présent, il refusé de céder aux demandes de l'opposition l'enjoignant de s'engager publiquement à quitter le pouvoir à l'issue de son mandat.
Initiative similaire au Congo-Brazzaville
Après la chute du président burkinabè Blaise Compaoré en octobre, le gouvernement congolais a abandonné un projet de révision constitutionnelle dont les termes n'avaient jamais été publiés mais que l'opposition soupçonnait d'avoir été conçu pour permettre à M. Kabila de briguer un nouveau mandat.
Les trois grands partis de l'opposition que sont l'UDPS, le Mouvement de libération du Congo (MLC) et l'Union pour la nation congolaise (UNC) estiment en substance que le programme arrêté par la Céni fait planer l'incertitude sur la tenue de la prochaine présidentielle dans les délais prévus par la Constitution.
Les consultations voulues par M. Kabila commencent moins de dix jours après le début d'une initiative similaire au Congo-Brazzaville voisin, où il est de plus en plus question d'une révision de la Constitution pour permettre au président Denis Sassou Nguesso de se représenter en 2016.
Elles surviennent aussi alors que le Burundi est plongé dans une grave crise politique depuis l'annonce fin avril de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, et moins de 48 heures après l'annonce au Rwanda d'une possible révision constitutionnelle qui autoriserait un nouveau mandat au président Paul Kagame.
L'UDPS prête à participer au dialogue
M. Kabila doit recevoir les chefs des confessions religieuses puis les chefs coutumiers avant de discuter avec ceux des partis politiques de l'opposition puis de la majorité, des groupes parlementaires et regroupements politiques pour finir avec les diplomates accrédités en RDC et le chef de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco), Martin Kobler. La durée de ces consultations n'a pas été précisée.
L'UDPS a dit être prête à participer au dialogue. Cependant, c'est à "Martin Kobler de faire des consultations pour le dialogue, et non à monsieur Kabila", car sinon il va "s'arroger le droit d'être juge et partie", a déclaré à l'AFP Bruno Tshibala, porte-parole de l'UDPS.
A l'inverse, une coalition regroupant le MLC, l'UNC, des dissidents de l'UDPS et des représentants de plusieurs dizaines de petits partis s'y oppose, y voyant une manoeuvre pour retarder la prochaine présidentielle et permettre à M. Kabila de rester au pouvoir au-delà du terme de son mandat. "La position du MLC est claire: pas de nouveau forum, cap vers les élections", a dit à l'AFP Eve Bazaiba, secrétaire générale du MLC, plaidant plutôt pour un "dialogue permanent avec la Céni et les acteurs impliqués dans les élections".
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